rive — hors-rive
où l’éblouissement __________________________________________________________
I
enfant des ravages — toi — forêts souterraines
des montagnes-mondes — où grouillent des ombres leurs méfaits
le dormir doucement se creuse comme un âge de sentier
sans lierre et tourne sa veine d’or liée de cobalt et de lapis
comme précisément les yeux — la pupille — des lacs parlent
une langue lente des filtrations les strates leurs natures
minéralités disparates répercutant
une quantité de chrome et d’argent recueillie dans l’organe et la fourrure
des flous où le vent souffle le fer des corps son poids — et aimant
ce nord toujours — se perdent images ou voeux
mais viens viens dans — ni bras ni feu viens
dans ni ventre ni chair
juste respire respire encore — hors de et vois
un sol que tu n’avais touché ni atteint
devenir
ce lit où les songes chantent par la voix des lacs ces tumultes et calmes
il n’y a plus de parement
il n’y a pas de mur aux espaces eux-mêmes
et rien ne les contient d’ouvrir tous les chants
haut
haut place haut plus que ta gorge — hors de ces tumultes et calmes —
où l’ouvrir est un continent
II
comme si ton souffle commandait les audaces sur les croupissements
telles saillies d’assaillir à revers et tout contre ce qui empêche l’être ou son rêve
tout contre ce qui meurt par — autres mouvements de tuer le vivre — étouffement
tu deviens la forme hors des formes – le dessin des desseins – mais ce geste
et parmi des tourmentes autres mouvements ces frénésies d’autres vrille
vrille
— car tu ne peux être que ton unique certitude
III
ainsi — chemin sous le chemin — tu entres dans la montagne et traverses
phosphores et lacs, oves de cristal — un monde inconnu replace le sachant
ondes dans l’onde
ordre des choses hors des ordres et aucune soumission que accepter ouvrir
espaces en eux-mêmes — et encore autour — et vers — et
ouvrir les souffles
ici
le charbon des yeux est aussi un diamant
IV
alors tu couperas mille fois le verre et son illusion
reflets miroités semblant des parois – l’infranchissable n’est pas tel que tu crois
— muni de tes yeux comme le regard muni d’une précision nouvelle
tu tailles lentement un verbe né dans la patience de longs mouvements
découpe avec attention la lenteur fiable et prend soin des fleurs étranges de la rigueur
aucune main ne troublera l’étal — que ton propre souffle ainsi rendu à lui — aucune pierre
tu verras debout la cohorte de tes aspects luire dans la véracité de ton silence
trace doucement le lien de ta seule résonance — ultime n’est pas un nom
et sa soeur ne tremble pas — délie les craintes et donne-leur à boire — qu’elles se calment
tu ouvres chemin sous le chemin le feu sous la montagne, prolonge le faire pour qu’il soit chaud d’être
quand tu auras rendu le souffle à ton souffle et le souffle au faire ils marcheront à tes côtés
V
nul ne sait l’ordre des espaces — nous marchons entre eux sans nous rejoindre
peut-être le plus infime souffle est-il une étoile — chante dans l’eau — son silence
le chemin hors de — bord débordé soudain des autres — où les résonances
s’allument les feux les yeux en mille lieux de — toi — et lui, nous tous ils d’elle
petites pierres, algues et brindilles, monts et collines, monde et son allègement, à être
— or/ivre
incantations – rivages — lumineuses éclairées des sentiers dans l’âge du faire
maintient du plein — jour en nuit pleine — comme pencher la terre devant l’astre
sons luisants dans le continu des continuités, les fils et les accordailles
fines cordes levées dans le corps donné, ton rire mille et mille fois, je fais ce voeu
je fais ce voeu de mille et mille fois l’éclair transparent à jaillir de tes yeux — joyaux
oscillation quand un réel vacille — toi, dressé, gyroscope implanté et numineux, mon vif
ainsi la rivière se borde elle-même par le chant car sa seule rive est le son