m u s i q u e a t o n a l e
I
*premier soin
ni miel
ni encre
ce que ta nuit protège d’acides
n’a de remède que le départ
franchis-moi
II
*second soin
l’oiseau est une île
mouvante
le froissement d’elle
toujours
remue
le ciel
répond des présages
III
*perfusion
il n’y a pas de vague
assez forte
repousser les forêts de verre et de métal
la rouille fleurit entre nous
tous
ne marchons ni rien
juste tenir est terrible
je tiens
IV
*oxygène
dis-moi
l’endroit de mon retour
le nom de ton étoile
je cherche l’os creux
son stridule
V
* sans connaissance
tranquillement le souffle
à descendre encore en lui plus long
encore
le souffle
tranquillement l’espace autour du coeur
l’espace
à revenir de toi les yeux ouvrent
tout autour
tu choisis
VI
*perforation thoracique*
dans la cadence haute élancée des vagues
l’éclat
soudain
le tracé de brume
une fois deux mais trois
le passage souple
des cétacés
bleu
c’est rouge
VII
* décompression hémorragique
la mer se répand lentement comme
la glace
autrefois
je me souviens des lagunes
la transparence
dans la jupe des atolls
je t’aime, je t’aime chantait le sable
le sable
dans ma gorge
VIII
* chute de pression
au bord de comprendre
tout
lâche tout
au désert ample des soifs
malgré l’abandon
entends l’appel
ancestrale marche des arbres
fleurs crépitantes
vibration forte et odeur animale
faut-il que le coeur se vide
IX
* arrêt cardiaque
seule l’immobilité étonne
des flots d’images de sens retournés l’allure l’envers te souviens de tu
des filtres des grands jours tirés clos les mains devant les yeux les cheveux de femmes l’odeur filtre
des étroitesses l’étranglement fulgure ici
juste ici
calme
soudain
la couleur de calme soudain
tes rivières
fer
particules
plus rien
que ce que tu franchis
noir
n’existe sans ta lumière
X
*5cc d’adrénaline
un rien d’espacement
entre le corps
et le corps
c’est froid du métal froid dans
le coeur ?
la mer
la mer les grands cercles des fleurs de chairs pulsantes palpent et avalent la vie le plancton
les cétacés brouttent avalent la mer toute lavée des glaces qui glissaient entre
deux pôles la mer montée haute avale le monde les îles Venise sous les yeux tranquiles des clypéastres
des pierres d’Histoire une nouvelle Atlantide nous
la mer le monde la mer surtout
la douleur de soudain le choc la lumière brûle tout l’air brûle
dans la couleur brûle de qu’est-ce que le coeur déjà ?
à revenir de toi les yeux ouvrent
XI
* palettes à 400
i
dégager dégage
la poitrine
l’espace autour du coeur
il n’y a que le centre
le tien
le mien
tous les centres centrés des cercles
nos cibles où danser la mer
ii
m’appelle, ne sais
d’où
qui
n’ai de nom
pas de lieu
d’être
images d’Italie n’y ai jamais mis les pieds. odeur de ta peau jamais touchée. tout. le rêve de. toi loin toi, loin. une tresse longue. longue ma mère disparue. la pleine nuit. la maison. laquelle. une porte verte. une main d‘homme immense. main chaude un peu rousse la senteur forte du tabac brun la paille une barbe. un son peut-être grave. la chanson pour dormir la chanson pour dormir pour dormir la chanson
iii
d’eau or e s p a c e m e n t la brûle dire
ni soif juste
lumière d’ombre lum
reste
ste c’est l é g e r
étrange
peur de quoi, tu dis ?
il n’y a pas de vrai choc n’y a
de cri ni rien sortir
sortir de l’Eau l’eau de retourne
à la mer qui m’arrache?
iuq ehcarra’m
les écrans des mensonges tu triches
avec mon coeur tu triches toujours avec mon
rends-moi mon
où
suis
je
XII
* l’invisible
revenir est ce gravir de flanc de montagne si loin
rebours ce même penchement d’efforts
quelqu’impalpable tiraille un centre mais lequel
dos à moi
je glisse
dans ma chair
couche tout l’espace
le sang
m’engloutit
plombé
et ce coeur
c’est si lourd
XIII
* l’irréversible
les veines sont des pièges à loups
un vertige
les os tendent les oiseaux s’ouvrent dans la poitrine
refuge
l’iris une église
le geste juste et
je trouve mes mains pleines de forêts
plaisir d’aller en-dessous jusqu’aux mains pleines de forêts
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plaisir de savoir que tu as fait toute la descente
jusqu’aux mains pleines de vie!
c’est cadeau pour moi, cette suite m’est très chère
merci Lutine
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Bon. À franchir.
(Étonnement, disons.) (Disons pour ne pas revenir à un appel, à la surprise attisée.)
(Disons c’est bon, disons j’suis surpris. Disons je continue.)
(Je continue, je joue, disons.)
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étonnement,
(disons, suis surprise ici) (surprise du saisissement. d’entendement)
(disons, que transmis, c’est rare)
(c’est bon, disons, oui, c’est bon)
merci
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