à toutes mes sœurs
Ô Terre, lit de nos engeances, toi la mère qui nous nourrit, toi qui prends en feu et brûle vive un million d’hectares, toi et tes colères volcaniques, tes tornades, pardonnes-tu les cauchemars vivants que nous perpétrons, par ignorance et paresse, pardonnes-tu les massacres de tes Paradis, et de ton rêve ; celui que chacun incarne malgré lui, je t’en prie pardonnes.
Ô monde, toi qui nous berce et déchire, où nos voix de femmes sont tues de siècles en siècles, où nos paroles parlent l’homme depuis des millenaires, vois poindre nos gestes, entends qu’il est plus que l’heure d’ouvrir la pensée, car nous ne pouvons plus accepter ta destruction.
Ô planète, toi notre sanctuaire et notre seul vaisseau entre les étoiles, toi que l’homme maltraite, toi la déchirée, la violée, prêtes-nous la force, car nous ne devons pas succomber au silence qu’on nous ordonne, car nous ne devons pas abandonner le futur, ni laisser l’homme seul avec tant de pouvoir qu’il puisse parfaitement en abuser.
Ô corps céleste vibrant et chantant, entends que tes filles se lèvent, entends la voix neuve des femmes, comme elle enfle et se gonfle, telle une voile d’une étoffe tissée d’une longue et terrible Histoire pour le grand voilier du temps, entends la sagesse parmi les colères et saches y trouver clémence pour celles qui ne le peuvent ni le savent.
Ô citoyennes et sœurs humaines, vous les voyantes et prévoyantes, vous toutes qui par vos corps et gestes tissez le futur, vous les merveilleuses vaillantes et combatives, vous dont la parole et la pensée sont obligées de plier à l’ordonnance mâle de ce monde, sachez voir où votre force s’applique sans violence, car il est l’heure d’une nouvelle révolution.
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sortie de carnet — 2 juin 2023 / transcription 8 décembre 2023